Pour s’adapter aux nouvelles exigences des consommateurs, les professionnels de l’agroalimentaire, les producteurs et les distributeurs se convertissent à l’alimentation biologique.
Aujourd’hui, le marketing alimentaire utilise les codes du bien-être, du manger mieux et du respect de l’environnement. Les consommateurs sont attentifs aux étiquettes des produits qu’ils achètent. Ils existent de nombreuses applications qui vous permettent de savoir ce que vous mangez. Yuka, avec deux millions d’adeptes, vous permet d’évaluer la qualité nutritive d’un produit par un code couleur, suggérant des alternatives moins sucrées ou moins grasses au produit évalué. Foodvisor permet d’analyser le contenu de son assiette en prenant une photo, donnant une estimation du nombre de glucides, lipides et calories que vous vous apprêtez à manger. Alors comment l’industrie agro-alimentaire introduit les produits issus de l’agriculture biologique afin de satisfaire les nouveaux besoins des consommateurs ?
Une production très réglementée
L’introduction des produits biologiques a complexifié le marché de l’industrie agro-alimentaire. Cette production est beaucoup plus réglementée que la production agricole traditionnelle et doit respecter de nombreux critères. Plusieurs organismes ont l’autorisation de délivrer la certification : Agrocert, Bureau Veritas Certification, Certipaq, Ecocert SA, Bureau Alpes Contrôles, Qualité France, Certisud, Certis, et Qualisud. Le label Agriculture biologique est un label de qualité français créé en 1985, et repose sur l’interdiction d’utilisation de produits issus de la chimie de synthèse. Il permet d’identifier les produits issus de l’agriculture biologique.
Ce label est la propriété du ministère français de l’agriculture. Depuis le 1er janvier 2009, ses critères sont alignés sur le label bio européen, moins contraignant que le label AB initial et autorisant notamment la présence de traces accidentelles d’OGM. Le label bio européen a vocation à se substituer progressivement au label AB.
Une révolution de la production, du modèle économique et des circuits de distribution.
Les décisions prises à l’issue de Grenelle de l’environnement ont accentué cette tendance. Au 30 juin 2016, seules 5,8 % des surfaces agricoles utiles de l’Hexagone étaient converties. Et le bio ne représente encore que 3 % de la consommation alimentaire en France, contre 7 à 8 % au Danemark et en Suisse. La croissance annuelle varie entre 6 et 11 % depuis une décennie. Elle a atteint 16,5 % l’an passé, pour un marché français pesant désormais 6,9 milliards d’euros. Les crises sanitaires comme la grippe aviaire et les débats autour des pesticides et des OGM ont poussé de nombreux consommateurs à se tourner vers des produits plus sains et respectueux de l’environnement.
Tous les segments de l’alimentation bio sont en progression et particulièrement les œufs. Les français consomment aujourd’hui davantage d’œufs de poules élevées en plein air. Cette croissance concerne aussi les fruits et légumes, les produits laitiers, les volailles mais aussi le ketchup, les plats cuisinés, les surgelés, le vin et les jus de fruits.
Les industriels ont pris conscience des nouveaux besoins des consommateurs
Les professionnels de l’agro-alimentaire ont bien compris l’intérêt du bio pour leur croissance. Les industriels du marché de la minceur ont pris en compte cet intérêt des consommateurs et utilisent des produits issus de l’agriculture biologique. C’est même devenu un argument marketing convaincant alors qu’il y a quelques années, le marché des produits minceur avaient plus une image de produits fades et très industrialisés contenant généralement divers additifs, de l’huile de palme, trop de sel voire des OGM. Ces industriels donnent la possibilité aux consommateurs de manger sainement, de façon responsable mais toujours aussi facilement et sans cuisiner. Les entreprises spécialisées dans les repas minceur, telles que KitchenDiet, apportent une attention toute particulière au choix de ses ingrédients et de ses filières avec éventuellement du bio sur les produits sensibles.
Une filière bénéficiant de nombreuses subventions
Le fonds Avenir Bio, doté de 4 millions d’euros annuels, soutient la filière biologique en encourageant les projets de silos de stockage qui ont généré un nombre spectaculaire de conversions. La filière bio incite les industriels à adopter des cahiers des charges plus sévères.
Cette nouvelle manière de consommer et de produire entraîne un surcoût que les producteurs, industriels et consommateurs sont prêts à assumer. La France, deuxième puissance agricole n’est pas capable aujourd’hui de produire tout le bio dont elle a besoin et est donc obligée d’importer massivement.