Une distinction honorifique est une marque de reconnaissance visible attribuée par un Etat souverain, un monarque, une maison dynastique ou une organisation à une personne, généralement en reconnaissance de mérites individuels. Souvent, elle s’accompagne d’insignes distinctifs comme des colliers, des médailles, des insignes ou encore des écharpes portées par les récipiendaires. Incluant les ordres étatiques et dynastiques, les systèmes modernes de distinction honorifique trouvent leurs origines dans la culture des ordres de chevalerie du Moyen Âge, eux-mêmes issus des ordres religieux catholiques.
Seulement voilà, alors que beaucoup de pays offrent des distinctions, il existe des exceptions, notamment la Suisse, qui n’octroie aucune distinction honorifique. En effet, l’article 12 de la Constitution suisse de 1848 interdisait aux citoyens suisses d’accepter des honneurs et des titres. Pour sa part, la Constitution actuelle de 1999 ne contient aucune interdiction spécifique, mais une loi fédérale perpétue de facto cette interdiction en empêchant les détenteurs d’ordres étrangers d’occuper des fonctions publiques.
Tour d’horizon des distinctions honorifiques dans le monde !
Médaille présidentielle de la Liberté
La Médaille présidentielle de la Liberté est la plus haute distinction civile des Etats-Unis, équivalente en prestige à la Médaille d’or du Congrès. Conférée par décision du président du pays, elle vient reconnaître les individus ayant apporté « une contribution particulièrement méritoire à la sécurité ou aux intérêts nationaux des Etats-Unis, à la paix mondiale, à la culture ou à d’autres initiatives publiques ou privées d’importance ». Il faut toutefois savoir que cette médaille n’est pas exclusivement réservée aux citoyens américains et, bien qu’elle soit une décoration civile, elle peut également être décernée à des militaires et portée sur l’uniforme. Enfin, rappelons qu’elle a été instaurée en 1963 par le président John F. Kennedy, en remplacement de la Médaille de la Liberté établie par le président Harry S. Truman en 1945 pour honorer les services civils rendus pendant la Seconde Guerre mondiale.
Quelques distingués de la Médaille présidentielle de la Liberté : Duke Ellington, mère Teresa, Joe Biden, Rosa Parks…
Médaille d’or du Congrès
Comme son nom le laisse clairement entendre, la Médaille d’or du Congrès est une distinction décernée par le Congrès des Etats-Unis, et représente la plus haute récompense civile du pays, au même titre que la Médaille présidentielle de la Liberté. Son objet ? Transmettre l’expression la plus élevée de la gratitude nationale pour des réalisations et contributions exceptionnelles de la part d’individus ou d’institutions.
Historiquement, l’attribution des médailles d’or par le Congrès pour honorer occasionnellement des lauréats a commencé avec les membres de l’armée durant la Révolution américaine. Cette pratique s’est rapidement étendue à des personnes de tous les horizons et, à la fin du XXe siècle, également à des groupes. La médaille du Congrès cherche à honorer ceux, individuellement ou en groupe, « qui ont réalisé un exploit ayant un impact sur l’histoire et la culture américaines, qui sera probablement reconnu comme une réalisation majeure dans le domaine du récipiendaire longtemps après sa réalisation ».
Quelques distingués de la Médaille d’or du Congrès : George Washington, Horatio Gates, Anthony Wayne, Henry Lee…
Légion d’honneur
L’Ordre national de la Légion d’honneur, anciennement connu sous le nom d’Ordre royal de la Légion d’honneur, représente la plus haute distinction française de mérite, à la fois militaire et civile. Institué en 1802 par Napoléon Bonaparte, il a été conservé (avec quelques modifications mineures) par tous les gouvernements et régimes français qui ont suivi. La devise de l’ordre est « Honneur et Patrie » ; son siège est situé au Palais de la Légion d’Honneur, jouxtant le Musée d’Orsay, sur la rive gauche de la Seine à Paris. Enfin, notez que l’ordre est structuré en cinq grades de distinction croissante : Chevalier, Officier, Commandeur, Grand officier et Grand-croix.
Quelques distingués de la Légion d’honneur : Clint Eastwood, Andre Bach, Nabil Fekir, René Lacoste…
Ordre de Léopold
L’Ordre de Léopold, connu en néerlandais sous le nom de Leopoldsorde et en allemand sous celui de Leopoldsorden, est l’une des trois distinctions honorifiques nationales belges actuelles de chevalerie. Il s’agit de la plus ancienne et de la plus élevée des décorations de la Belgique et porte le nom de son fondateur, le Roi Léopold Ier. L’ordre comprend une division militaire, une division maritime et une division civile. La division maritime est exclusivement attribuée au personnel de la marine marchande, et la division militaire au personnel militaire. La décoration, établie le 11 juillet 1832, est décernée par ordre royal.
Quelques distingués de l’Ordre de Léopold : Baron Kurino Shin’ichiro, Fouad I d’Egypte, Sir Winston Churchill, Eliane Liekendael…
Ordre de l’empire Britannique
L’ordre de l’empire Britannique est un ordre de chevalerie britannique qui récompense les contributions dans les domaines des arts et des sciences, le travail au sein des organisations caritatives et de bienfaisance, ainsi que le service public en dehors de la fonction publique. Etabli le 4 juin 1917 par le Roi George V, il se compose de cinq classes réparties entre les divisions civiles et militaires, les deux classes les plus élevées conférant le titre de chevalier aux hommes et de dame aux femmes. Il existe également la Médaille de l’Empire Britannique, dont les récipiendaires sont affiliés à l’ordre mais n’en sont pas membres.
A l’origine, toutes les nominations à l’Ordre de l’Empire Britannique étaient effectuées sur proposition du Royaume-Uni, des Dominions autonomes de l’Empire (plus tard du Commonwealth) et du vice-roi de l’Inde. Aujourd’hui, les nominations continuent d’être proposées par les pays du Commonwealth qui participent au système d’honneurs britanniques. Cela dit, la plupart des pays du Commonwealth ont cessé de proposer des nominations à l’Ordre de l’Empire Britannique lorsqu’ils ont créé leurs propres distinctions honorifiques.
Quelques distingués de l’Ordre de l’empire Britannique : Clóvis Carvalho, Steven Spielberg, Hiroshi Kitamura, Bernard Kouchner…
Ordre de Lénine
Nommé en l’honneur de Vladimir Lénine, leader de la Révolution d’Octobre, l’ordre de Lénine a été instauré par le Comité exécutif central le 6 avril 1930. Cet ordre constituait la plus haute distinction civile décernée par l’Union soviétique, notamment attribué aux : les civils pour des services exceptionnels rendus à l’Etat, les membres des forces armées pour un service exemplaire, les personnes ayant favorisé l’amitié et la coopération entre les peuples ainsi que le renforcement de la paix, et les personnes ayant rendu des services méritoires à l’Etat et à la société soviétiques.
De 1944 à 1957, avant la création de médailles spécifiques pour la longueur du service, l’Ordre de Lénine était également utilisé pour récompenser 25 ans de service militaire remarquable. Ceux qui recevaient les titres de « Héros de l’Union soviétique » et de « Héros du Travail socialiste » recevaient également cet ordre dans le cadre de leur distinction. Il était aussi décerné à des villes, entreprises, usines, régions, unités militaires et navires.
Quelques distingués de l’Ordre de Lénine : Pravda, Valeriy Borzov, Yuri Gagarin, Joseph Staline…
Ordre de l’Eléphant Blanc
L’Ordre de l’Eléphant Blanc, fondé en 1861 par le Roi Rama IV du Royaume de Siam, incarne une distinction emblématique de la Thaïlande. Reconnaissable par la figure mythique de l’Airavata à trois têtes ou représenté par un éléphant blanc, cet ordre illustre la richesse culturelle et spirituelle du pays. Décorant régulièrement les fonctionnaires après cinq ans de services dédiés à la nation, l’Ordre de l’Éléphant Blanc se positionne comme l’une des reconnaissances les plus fréquemment attribuées en Thaïlande, au même titre que l’Ordre de la Couronne de Thaïlande.
Quelques distingués de l’Ordre de l’Eléphant Blanc : Napoléon III, Bob Hawke, David John Collins, Kirill Mikhailovich Barsky…
Ordre du Soleil Levant
L’Ordre du Soleil Levant, instauré en 1875 par l’Empereur Meiji, est la toute première distinction honorifique nationale décernée par le gouvernement japonais. Inauguré le 10 avril 1875 par un décret du Conseil d’Etat, cet ordre illustre les rayons énergiques du soleil à l’aurore, un symbole puissant qui reflète la vigueur et la résurgence, écho à l’appellation du Japon comme le « Pays du Soleil Levant ».
L’Ordre du Soleil Levant est décerné aux personnes qui ont rendu d’éminents services à l’Etat dans divers domaines, à l’exception du service militaire. Comme le système japonais actuel ne prévoit pas d’ordre pour les exploits militaires, les membres des Forces japonaises d’autodéfense reçoivent l’Ordre du Trésor sacré pour leur long engagement dans le service public. Avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, cet ordre était également décerné pour des services militaires exemplaires.
Quelques distingués de l’Ordre du Soleil Levant : Tony Abbott, Sepp Blatter, Bill Gates, António Guterres…
Ordre du Mérite
Distinction spécifique aux royaumes du Commonwealth, l’ordre du Mérite reconnaît les services exceptionnels dans les rangs des forces armées, mais aussi dans les domaines de la science, l’art, la littérature ou encore la promotion de la culture. Créé en 1902 par Edouard VII, l’admission dans l’ordre reste un don personnel de son souverain – actuellement l’arrière-arrière-petit-fils d’Edouard VII, Charles III – et est limitée à un maximum de 24 récipiendaires vivants des royaumes du Commonwealth, plus un nombre limité de membres honoraires. Bien que tous les membres se voient accorder le droit d’utiliser les lettres post-nominales OM et de porter l’insigne de l’ordre, la préséance de l’ordre du Mérite parmi d’autres honneurs diffère selon les pays.
Quelques distingués de l’Ordre du Mérite : Sir David Attenborough, Jean Chrétien, Sir James Dyson, Sir Paul Nurse…
Ordre du Canada
L’Ordre du Canada est un ordre d’Etat canadien et la deuxième plus haute distinction pour le mérite dans le système des ordres, décorations et médailles du Canada, après l’Ordre du mérite. Pour coïncider avec le centenaire de la Confédération canadienne, cet ordre à trois niveaux a été créé en 1967 afin de reconnaître le mérite exceptionnel ou les services distingués de Canadiens qui ont apporté une contribution majeure au Canada tout au long de leur vie dans tous les domaines d’activité, ainsi que les efforts de non-Canadiens qui ont rendu le monde meilleur par leurs actions.
Quelques distingués de l’Ordre du Canada : Aga Khan IV, Louis Applebaum, Lloyd Barber, William Boyd…
Ordre de l’Australie
Créé le 14 février 1975 par Élisabeth II, reine d’Australie, sur les conseils du gouvernement australien, l’Ordre d’Australie est une distinction honorifique qui récompense les citoyens australiens et d’autres personnes pour leurs réalisations et services exceptionnels. Il faut savoir que le monarque d’Australie est le chef souverain de l’ordre, tandis que le gouverneur général d’Australie est le principal compagnon/dame/chevalier (selon le cas) et le chancelier de l’ordre. Le secrétaire officiel du gouverneur général, Paul Singer (nommé en août 2018), est le secrétaire de l’ordre.
Quelques distingués de l’Ordre de l’Australie : Philip Bacon, Geoffrey Badger, Chris Baggoley, Ted Baillieu…
Ordre de la Nouvelle-Zélande
L’Ordre de la Nouvelle-Zélande est la plus haute distinction du système des honneurs royaux de Nouvelle-Zélande, créé « pour reconnaître les services exceptionnels rendus à la Couronne et au peuple néo-zélandais à titre civil ou militaire ». Institué par mandat royal le 6 février 1987, cet ordre s’inspire de l’ordre du mérite britannique et de l’ordre des compagnons d’honneur.
Quelques distingués de l’Ordre de la Nouvelle-Zélande : Dame Kiri Te Kanawa, Jim Bolger, Jonathan Hunt, Sir Lloyd Geering…
Ordre de l’Etoile polaire
L’ordre royal de l’Etoile polaire est un ordre de chevalerie suédois créé par le roi Frédéric Ier le 23 février 1748, en même temps que l’ordre de l’Epée et l’ordre du Séraphin. Sa vocation ? Récompenser les « mérites civiques, le dévouement au devoir, les travaux scientifiques, littéraires, érudits et utiles et les institutions nouvelles et bénéfiques » suédois et étrangers.
Quelques distingués de l’Ordre de l’Etoile polaire : Chris O’Neill, Gustav Harald Edelstam, Yuri Petrovich Lyubimov, Thomas Henry Huxley…