Un appel aux dons en ligne vient d’être lancé par la Fondation pour la Sauvegarde de l’art français. Objectif annoncé : restaurer un tableau rarement vu, illustrant la scène biblique du Christ et de la Samaritaine. Ce chef-d’œuvre était dissimulé dans le clocher de l’église de Saint-Cornier-des-Landes, en Normandie, depuis 117 ans. Plus d’infos sur le sujet avec Dan Bloch.
Un tableau perdu depuis un siècle retrouvé par une résidente locale
Par un pur hasard, lors d’une exploration fortuite du clocher de l’église de Saint-Cornier-des-Landes, une résidente locale du nom d’Elisabeth Barrière a fait une découverte extraordinaire : un tableau perdu depuis plus d’un siècle. Posé négligemment sur l’armoire renfermant le mécanisme de l’horloge de l’église, le tableau ressemblait à une vieille porte. Selon la Fondation pour la Sauvegarde de l’art français, il s’agit d’une copie d’une œuvre de Philippe de Champaigne, intitulée Le Christ et la Samaritaine, peinte vers 1650. L’original est actuellement exposé au musée des Beaux-Arts de Caen.
Consciente de la valeur artistique et historique de cette trouvaille, la Fondation a décidé de lancer une cagnotte afin de restaurer l’œuvre, qui a subi les ravages du temps et des mauvaises conditions de conservation. Elisabeth Barrière se souvient encore de cette journée mémorable où elle a mis la main sur ce trésor longtemps caché. En tant que Normande de souche, elle se plonge régulièrement dans les archives familiales et se passionne pour l’histoire de sa région. Fière de l’héritage religieux de Saint-Cornier-des-Landes, elle raconte que pendant la Révolution française, alors que les cloches des églises étaient fondues pour être transformées en boulets de canon, les habitants de ce village croyant ont été les seuls à résister. Leur attachement aux cloches leur a permis de les conserver jusqu’à ce jour, témoignant ainsi de leur fierté et de leur héritage spirituel.
Une œuvre artistique captivante
Lorsque Elisabeth Barrière a trouvé cette fameuse toile, elle a fait appel à des experts pour évaluer la possibilité de sa restauration. Heureusement, leur réponse est positive, mais les devis font état d’un coût minimum de 8 000 euros pour redonner vie à l’œuvre. Par une étrange coïncidence, la Fondation pour la Sauvegarde de l’art français lançait un concours national au même moment. Le concept était simple : plusieurs œuvres nécessitant une restauration sont mises en compétition dans chaque région. Un vote est organisé et le projet artistique qui remporte le plus de voix reçoit un budget de 8 000 euros.
Pauline de Poncheville, responsable des œuvres d’art à la fondation, se souvient de la maire déléguée de Saint-Cornier-des-Landes lui faisant découvrir le tableau, qui l’a immédiatement captivée. Elle raconte : « l’histoire de ce tableau est incroyable. Bien qu’il s’agisse d’une copie, il se distingue par sa taille plus grande et sa forme rectangulaire. L’artiste a pris la liberté de créer une œuvre à part entière, qui lui confère une identité unique ».
L’enthousiasme des habitants de Saint-Cornier-des-Landes propulse le tableau jusqu’en finale du concours. Sur les réseaux sociaux, Jérôme Nury, député de la 3e circonscription de l’Orne, relaie les appels au vote. Il explique : « ce tableau est extraordinaire car il reflète l’état d’esprit de notre région. Ma circonscription est un haut lieu de la chouannerie normande, où l’on a longtemps nourri une méfiance envers la République et l’État. Retrouver cette toile, après 100 ans, dans de telles circonstances, qui raconte une part de notre histoire, est émouvant ».