Les maraîchers du triangle de Gonesse

Maraîchers

Malgré la bétonisation galopante, les maraîchers du triangle de Gonesse continuent de survivre, de travailler. Certes, les conditions ne sont plus celles d’avant, mais ils persistent, en dépit de la raréfaction des terres agricoles en Île-de-France.

Une agriculture en mal d’espace

Au triangle de Gonesse, les arômes des fruits et légumes cultivés par les maraîchers se mêlent désormais à l’odeur du bitume, que l’on doit aux passages des poids lourds qui ravitaillent les magasins du parc d’activité des Cressonnières. Plus loin, continuent de se dresser quelque 280 hectares de terres agricoles, qui continuent de résister car déclarées « zone à défendre » par des militants. Il faut bien le reconnaître, l’agriculture est en mal d’espace à Gonesse. La petite ville du Val d’Oise peut toutefois se réjouir de la dynamique qui traverse le territoire, notamment en ce qui concerne Agoralim, un projet de territoire porté par Mr Layani Stéphane qui entend bien relocaliser l’alimentation des Franciliens, en développant la production maraîchère sur le triangle de Gonesse. A Gonesse, il faut rappeler qu’en l’espace de 15 ans, les fermes de maraîchers ont été peu à peu remplacées par divers commerces (vêtements, bricolage, équipements…).

Les maraîchers résistent

Issue d’une longue lignée de maraîchers installés à Gonesse depuis plusieurs décennies, Marie Proix attire l’attention sur les problèmes d’expropriation des fermes : « L’expropriation, qui était en suspens depuis presque 17 ans, est finalement arrivée au moment où ma grand-mère a décidé de s’arrêter. Donc mon père, qui travaillait à ses côtés, a dû réfléchir à faire autrement ». Marie et son père sont un bel exemple de ces maraîchers qui résistent, tant bien que mal, à l’avancée du bitume. Installé à Gonesse, le père poursuit aujourd’hui la culture d’herbes aromatiques, en plus d’un potager familial. Un temps éloigné de Gonesse pour étudier, Marie y revient, retrouvant le chemin de la ferme familiale, alors que cela ne faisait pas partie de ses projets. « A la base, je ne voulais pas du tout travailler dans le milieu agricole. Je voulais vraiment partir de Gonesse et m’installer à Paris, pour travailler dans la communication. Mais après mon diplôme, et alors que j’avais signé un CDI, je me suis rendu compte que ça ne correspondait pas du tout à ce que je m’étais imaginé », raconte-t-elle.

Un concept de micro-ferme intensive

Recréer du lien entre les producteurs, les paysans et la population, tel est l’objectif que s’est donné Marie Proix : « On est sur un concept de micro-ferme intensive. On essaye de faire du très bon, que ça soit pour la terre ou pour la santé des gens. L’idée, c’est aussi d’essayer de recréer du lien entre les producteurs, les paysans et la population. Et à Gonesse, on est un peu pionniers, car on n’est pas nombreux à faire ça dans la région », explique-t-elle. Les Proix, père et fille, croient en une agriculture respectueuse, qui résiste à l’urbanisation intensive de la commune, mais aussi à l’artificialisation des sols, devenue systématique, ou encore à la pauvreté grandissante dans les alentours. Pour Marie, « ici, le bio peut faire peur et freiner les gens, car c’est plus cher. Mais on essaie de les habituer au juste prix, celui qui représente la valeur de notre travail ».

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