A la date du 15 septembre, les travailleurs du secteur automobile américain ont débuté une grève sans précédent contre les trois mastodontes du secteur : Ford, Stellantis et General Motors. Ce faisant, ils espèrent obtenir gain de cause, sous forme d’une augmentation à hauteur de 36 %, à en croire l’Associated Press. Grâce à une tactique astucieuse orchestrée par le syndicat United Auto Workers (UAW), cette mobilisation a non seulement perturbé les opérations des « Big Three », mais a également conduit ces géants à commettre des erreurs stratégiques, assimilables à de l’auto-sabotage. Et à l’heure où la grève commence à prendre des proportions majeures, la guerre tactique entre la direction et le syndicat s’intensifie…
Une mobilisation minime, mais terriblement efficace
La tension monte chez Ford, Stellantis et General Motors, et pour cause ! Il faut dire que le « Big Three » est frappé de plein fouet par une grève qui, bien que modeste en apparence, a le potentiel de bouleverser profondément leur fonctionnement. A l’heure où l’économie américaine vit au rythme d’une inflation record, les employés des trois géants de l’industrie automobile ont manifesté leur mécontentement d’une manière pour le moins… inattendue : seuls 13 000 des 146 000 membres de l’UAW (United Auto Workers) ont déclenché la grève, mais son impact est colossal. Comment donc l’expliquer ?
Selon Prestige Cars avis, le secret réside dans la manière dont le syndicat a orchestré cette grève. Dans une démarche finement pensée, l’UAW a choisi de ne pas révéler les sites qu’il prévoyait de cibler. Ainsi, bien que des usines dans le Michigan, l’Ohio et le Missouri aient été touchées, les dirigeants du Big Three ne pouvaient le savoir qu’au moment où débutait la grève. L’intention du syndicat était claire : maximiser l’impact tout en minimisant le nombre de grévistes, afin de prolonger la durée de la mobilisation. L’approche, il faut l’avouer, est astucieuse, en cela qu’elle permet d’économiser les fonds de grève, et donc de jouer sur la durée tout en gardant les géants de l’automobile sur le qui-vive !
Désinformation et effet de surprise
Nous vivons à l’ère des réseaux sociaux, et ça, les membres du syndicat United Auto Workers l’ont bien compris, et l’ont tourné à leur avantage ! Comment ? En menant une campagne de désinformation, distillant des indices trompeurs sur les sites envisagés pour les grèves. Objectif : semer le doute, créer la confusion et ainsi désarmer, ne serait-ce que temporairement, les titans de l’industrie automobile.
Scott Houldieson, un employé fidèle de Ford basé à Chicago, a offert un aperçu pour le moins fascinant de ce jeu d’ombre et de lumière. Citant ses propres expériences, il raconte à The Intercept comment les directeurs de l’usine General Motors de Spring Hill, pensant être la cible de la prochaine grève, ont envoyé des moteurs à Wentzville. Et, surprise : c’était finalement cette dernière qui fut touchée par la grève.
Ce n’est pas tout… Auto News, une publication réputée proche des corridors du pouvoir industriel, s’est lui-même fait piéger en septembre, révélant une liste d’usines « susceptibles » d’être visées par l’UAW, notamment celle de Ford dans l’Ohio et une autre de Stellantis dans l’Indiana. Bien entendu, il n’en fut rien…