Les Néandertaliens n’ont pas fini de nous surprendre. Après avoir laissé leur empreinte dans notre ADN avec des gènes influençant la forme du nez ou la sensibilité à la douleur, voilà qu’ils s’invitent dans notre bouche. Une récente étude, publiée en décembre 2024 dans la revue Current Biology, révèle que la taille et la forme de nos dents pourraient être liées à un héritage néandertalien. Une avancée qui pourrait bien révolutionner la médecine dentaire. Le point sur le sujet avec Geoffrey Migliardi !
Les dents, un trésor pour la science
Pour les chercheurs, les dents sont de véritables archives biologiques. En étudiant leur taille, leur forme et leur évolution, ils peuvent retracer des étapes majeures de notre histoire, comme l’adoption de la cuisine ou l’évolution de nos habitudes alimentaires. Pourtant, les mécanismes génétiques à l’origine des différences dentaires entre les populations restent encore largement mystérieux.
C’est là qu’intervient une équipe internationale de chercheurs. En analysant les dents de 882 volontaires colombiens aux origines mixtes (européenne, amérindienne et africaine), ils ont identifié 18 régions du génome liées à la taille et à la forme des dents, dont 17 n’avaient jamais été mises en lumière auparavant. Et parmi elles, un gène en particulier, le HS3ST3A1, semble directement hérité de nos cousins néandertaliens.
Un gène néandertalien qui fait parler
Présent uniquement chez les personnes d’origine européenne, ce gène est associé à des dents plus petites. Cet héritage pourrait être le fruit de croisements entre Homo sapiens et Néandertaliens il y a des milliers d’années. Mais ce n’est pas tout : d’autres gènes, comme l’EDAR, déjà connu pour influencer la forme des incisives en Asie de l’Est, se révèlent jouer un rôle plus global sur la largeur des dents, notamment chez les Amérindiens.
Ces découvertes ne sont pas qu’une curiosité scientifique, elles montrent comment les variations génétiques façonnent les dents en fonction des origines ethniques. Un véritable tour de force qui combine technologie de pointe, analyse pangénomique et tests sur des modèles animaux comme les souris pour comprendre l’impact de ces gènes sur le développement dentaire.
Vers une dentisterie de précision
Ces avancées ouvrent une porte vers une médecine dentaire plus personnalisée, et les chercheurs espèrent qu’à l’avenir, ces travaux permettront de mieux diagnostiquer et traiter les problèmes dentaires grâce à des tests génétiques. « Certaines anomalies pourraient même être corrigées un jour par des thérapies géniques », explique le Dr Qing Li, principal auteur de l’étude et chercheur à l’université de Fudan en Chine.
Pour le moment, les dents restent encore un vaste terrain d’exploration. Grâce aux technologies dites « omiques », les scientifiques peuvent analyser de grandes quantités de données biologiques, allant de l’ADN aux protéines. Une approche qui pourrait aider à identifier les causes génétiques de maladies dentaires et à développer des traitements ciblés.
Une histoire qui ne fait que commencer
Les dents ne sont pas simplement des outils pour mâcher ou sourire, elles racontent l’histoire de notre évolution et, désormais, elles pourraient aussi guider la médecine de demain. Si les gènes hérités des Néandertaliens influencent encore nos caractéristiques physiques, qui sait quels autres secrets ils pourraient dévoiler ?