La France est-elle mal préparée face au défi du grand âge ? Vraisemblablement, tout laisse à penser que c’est le cas. Aujourd’hui, on assiste à un vieillissement de la population, dont la conséquence inévitable est l’augmentation de la dépendance. Pour que le pays soit effectivement prêt à affronter cette cague, il faudra quasiment doubler les effectifs dédiés à l’accompagnement des personnes âgées. Mais cela ne sera pas facile dans un secteur qui a toutes les peines du monde à recruter. Le point sur le sujet avec Jean-Marc Borello, président du groupe SOS.
La France vieillit !
C’est en tout cas ce que révèle la pyramide des âges : la part des 75 ans et plus dans la population française est passée de 6,6% en 1990 à près de 9,5% en 2019. Dans les années à venir, cette tendance est appelée à s’accélérer, notamment en raison du vieillissement de la génération du baby-boom. Selon l’Insee, dans dix ans, 12,2% des Français auront plus de 75 ans. Et en 2050, cette tranche d’âge dépassera les 16% de la population. Il est donc grand temps d’agir.
La question de la dépendance
Au vieillissement de la génération du baby-boom, vient s’ajouter un autre phénomène qui augmentera le taux de personnes qui seront en situation de dépendance. Il s’agit du fait que nous vivons plus longtemps. Cela dit, l’espérance de vie en bonne santé n’augmente pas dans les mêmes proportions. En effet, à 65 ans, une femme française vit encore près de 24 ans en moyenne, dont 10,6 années en bonne santé. Résultat : le nombre de personnes âgées en perte d’autonomie devrait passer de 2,5 millions en 2015 à près de 4 millions en 2050, représentant une hausse d’environ 60%.
Dans un tel contexte, la France est-elle réellement prête à affronter ce boom de la dépendance ? Pas dans l’état actuel des choses. En fait, le pays fait partie des mauvais élèves en la matière, comme le révèle un rapport publié par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), qui souligne qu’en 2016, la France ne comptait que 2,3 salariés dédiés à la dépendance pour 100 personnes de plus de 65 ans. Dans les autres 28 pays étudiés, la moyenne est de 5 salariés pour 100 personnes, soit un peu plus du double. Pour rattraper son retard, l’Hexagone est appelée à augmenter ses effectifs de 90% à l’horizon 2040, ce qui correspond à 200 000 travailleurs supplémentaires dans un délai de vingt ans.
Les points qui bloquent et les solutions envisagées
Le gros problème des métiers du grand âge est leur manque d’attractivité pour les jeunes. La preuve : en 2019, la mission El Khomri dénombrait 60 000 postes non pourvus parmi les aides-soignants et accompagnants. Cela est généralement imputé au temps partiel subi, à la faible rémunération et à la pénibilité physique et psychologique des tâches. Comment donc résoudre ce problème ? L’une des pistes envisagées pour rendre ces métiers plus attractifs est de mettre en place une revalorisation salariale, et de mieux rémunérer les déplacements des aides à domicile.