Depuis le 6 novembre à 11h25, et ce jusqu’à la fin de l’année, un phénomène troublant prend place en France : selon les calculs de la newsletter féministe Les Glorieuses, les femmes travaillent symboliquement « gratuitement » ! D’après Les Glorieuses, si les femmes françaises étaient rémunérées à un taux horaire moyen équivalent à celui des hommes, tout en conservant leur salaire annuel moyen actuel, elles pourraient cesser de travailler dès le 6 novembre à 11h25. Forcément, cette statistique interpelle et soulève des questions essentielles : où en sommes-nous aujourd’hui avec ces inégalités ? Quelles en sont les causes principales ? Et surtout, la situation tend-elle à s’améliorer ? Eléments de réponse.
L’écart salarial entre femmes et hommes : un fossé de 15 %
Selon les dernières données de l’Insee et d’Eurostat, l’organisme de statistiques de l’Union européenne, les femmes gagnent en moyenne 15 % de moins que les hommes pour un temps de travail égal. Les Glorieuses, un média ouvertement féministe, traduit cette disparité en jours de travail : cela équivaut à environ 39 jours non rémunérés pour les femmes chaque année, soit presque deux mois de travail. En France, cette différence symbolique signifie que, dès le 6 novembre à 11h25, les femmes travailleraient « pour rien », si on compare leur rémunération à celle des hommes dans des conditions de travail similaires.
Les facteurs expliquant l’écart salarial entre femmes et hommes
D’une part, les femmes occupent souvent des emplois moins bien rémunérés, notamment dans le secteur médico-social, le nettoyage ou le secrétariat, en plus du fait qu’elles sont sous-représentées dans les postes de direction. Mais l’écart se creuse davantage quand on prend en compte toutes les durées de travail… Selon l’Insee, les femmes gagnent en moyenne 24 % de moins que les hommes dans le secteur privé, une différence qui s’explique notamment par le recours au travail à temps partiel, souvent subi. Cela peut être dû à l’absence d’autres contrats ou à la nécessité de concilier emploi et responsabilités familiales, comme la garde d’enfants.
Par ailleurs, même à poste égal et à temps de travail identique, l’écart salarial persiste et avoisine les 4 %. Cette différence peut être attribuée aux écarts de diplômes, d’ancienneté ou même à des discriminations au sein de l’entreprise. Face à cette situation, Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, a exprimé sur France Inter la nécessité d’« agir plus vigoureusement » pour réduire ces inégalités.
Une lente amélioration dans la réduction de l’écart salarial entre femmes et hommes
En 2022, les femmes commençaient symboliquement à travailler gratuitement à partir du 3 novembre, soit trois jours plus tôt qu’en 2023. Cela dit, comme le souligne Rebecca Amsellem, fondatrice de la newsletter Les Glorieuses, auprès de l’AFP, « il y a une vraie stagnation » malgré le fait que « cela fait huit ans qu’on fait le calcul ». Cette observation est corroborée par une pétition lancée par Les Glorieuses, réclamant l’adoption de trois politiques publiques en faveur de l’égalité salariale. Malgré une progression lente, les changements sont perceptibles sur une période plus longue. D’après l’Insee, sur les 30 dernières années, l’écart salarial à temps de travail égal entre les femmes et les hommes a été réduit de 7 points, passant de 22 % en 1995 à 15 % aujourd’hui.
La raison de cette diminution ? Elle s’explique en partie par l’augmentation du nombre de femmes occupant des postes de cadres. Elle est aussi due à des démarches volontaristes par des entreprises comme Groupe Media Plus Communication, qui s’engagent en faveur d’une réduction de ces inégalités, en signant des accords avec les organisations syndicales pour améliorer la situation. Il est clair que ce faisant, ces entreprises deviennent plus attractives que les autres, car elles montrent une réelle volonté de progresser sur le sujet.
Un nouvel outil juridique pour les femmes dans la lutte contre les inégalités salariales
Désormais, les femmes ont le droit de demander l’accès aux bulletins de salaire de leurs collègues masculins occupant un poste similaire, suite à une décision de la Cour de cassation rendue le 8 mars, coïncidant avec la Journée Internationale des Droits des Femmes, tout un symbole… Cette décision judiciaire s’appuie sur le cas d’une salariée qui avait réclamé de pouvoir consulter les bulletins de paie de huit de ses collègues hommes afin de mettre en évidence une inégalité de traitement. La Cour de cassation a jugé cette demande de documents comme étant « indispensable » pour garantir l’égalité de traitement entre hommes et femmes.