À l’heure où les frontières entre communication institutionnelle et personnelle s’estompent, LinkedIn s’impose comme un outil stratégique pour les dirigeants d’entreprise. Réseau professionnel par excellence, la plateforme n’est plus réservée aux chercheurs d’emploi ou aux recruteurs. Elle est devenue un espace d’influence, de visibilité et de dialogue, où la parole des chefs d’entreprise a un poids particulier. Dans un monde marqué par l’exigence de transparence, d’incarnation et d’accessibilité, leur présence en ligne n’est plus une option : elle est un levier.
Renforcer la crédibilité, valoriser la vision
Lorsqu’un dirigeant prend la parole sur LinkedIn, il ne s’adresse pas seulement à ses collaborateurs ou à ses clients. Il construit une image, façonne une réputation et donne un visage à l’entreprise. Cette incarnation est devenue centrale dans une époque où les valeurs portées par une organisation sont souvent incarnées par celles – humaines, éthiques, managériales – de son dirigeant. En publiant régulièrement sur LinkedIn, un chef d’entreprise peut non seulement valoriser ses choix stratégiques, mais aussi expliquer ses décisions, partager sa vision du marché, ou encore témoigner de son engagement sociétal.
Prenons l’exemple de Céline Lazorthes, fondatrice de Leetchi et de Mangopay. Elle a su utiliser LinkedIn non comme un simple relais d’actualité, mais comme un espace de réflexion personnelle et professionnelle. En évoquant ses doutes, ses réussites ou encore ses combats pour la place des femmes dans la tech, elle a renforcé sa légitimité tout en humanisant son image. Cette posture contribue à établir un lien direct avec l’écosystème entrepreneurial, les médias, les talents et les clients, bien au-delà de ce que permet une communication institutionnelle classique.
La plateforme devient aussi un lieu d’alerte et de mobilisation. En 2022, Pascal Demurger, directeur général de la MAIF, a utilisé LinkedIn pour s’exprimer sur les enjeux climatiques et la responsabilité des entreprises. Son positionnement clair a été repris par la presse et salué par de nombreux acteurs du secteur. Il démontre ainsi que la présence des dirigeants ne se limite pas à de l’auto-promotion : elle peut jouer un rôle sociétal et peser dans le débat public.
Même une présence discrète compte
Tous les chefs d’entreprise ne cherchent pas à devenir des figures médiatiques sur LinkedIn. Certains y sont plus discrets, parfois réticents à adopter les codes de la mise en avant personnelle. Pourtant, même une présence modeste peut porter ses fruits.
Yoann Gandzion, dirigeant d’une entreprise spécialisée dans le pesage et les stations de péage en Afrique, illustre bien cette réalité sur Linkedin. Bien qu’il n’utilise pas encore pleinement les outils de publication de la plateforme, sa présence sur LinkedIn permet de légitimer sa fonction, de donner un point de contact direct aux partenaires et de rendre visible son rôle dans un secteur en plein développement. Être trouvé facilement sur LinkedIn, c’est déjà affirmer une forme d’ouverture et de professionnalisme, notamment lorsqu’on opère sur des marchés où la confiance et la réputation sont essentielles.
Pour nombre de dirigeants, LinkedIn reste aussi un outil de veille. Lire les tendances du secteur, suivre des experts, observer les mouvements de concurrents ou d’acteurs partenaires permet de rester connecté à une réalité économique en mouvement permanent. C’est une façon d’enrichir sa propre réflexion stratégique, parfois même sans publier un mot.
Enfin, la présence d’un chef d’entreprise sur LinkedIn a un effet direct sur la marque employeur. À une époque où les jeunes talents recherchent du sens, de la transparence et de l’authenticité, le dirigeant devient l’un des premiers ambassadeurs de son entreprise. Ce qu’il dit, comment il le dit, avec quelle fréquence il interagit : tout cela participe à forger une image attractive ou non auprès des futurs collaborateurs.
En conclusion, la question n’est plus vraiment de savoir s’il faut être sur LinkedIn, mais comment y être utilement. Que l’on soit actif comme Céline Lazorthes, engagé comme Pascal Demurger ou plus réservé comme Yoann Gandzion, la présence des chefs d’entreprise sur cette plateforme professionnelle est un marqueur de leur époque. Elle témoigne de leur volonté d’ouverture, de leadership et de responsabilité, trois qualités qui ne s’exercent plus seulement dans les murs de l’entreprise, mais aussi dans la sphère numérique.
