La construction fait face à des défis majeurs liés à l’approvisionnement de certains matériaux essentiels comme le cuivre et l’aluminium. Ces ressources jouent un rôle central dans les projets de bâtiment et de travaux publics, mais leur disponibilité est de plus en plus menacée.
En effet, les tensions sur les chaînes d’approvisionnement et les critères environnementaux et sociaux sont au cœur des préoccupations. Une étude du cabinet BDO met en lumière les enjeux de cette criticité des matériaux pour le secteur. On fait le point avec le promoteur Carlos de Matos Groupe Saint Germain.
Cuivre et aluminium : des tensions sur l’approvisionnement
La pandémie de Covid-19 a profondément perturbé les chaînes d’approvisionnement mondiales, et cette désorganisation se fait toujours sentir. Le cuivre et l’aluminium, deux matériaux incontournables dans la construction, subissent ces tensions. À cela s’ajoute une demande croissante liée à des secteurs comme l’électrification, qui augmente la pression sur ces ressources. Les entreprises de construction voient ainsi les prix s’envoler et les délais de livraison s’allonger.
Bien que l’aluminium soit considéré comme un matériau substituable dans certains usages, ses conditions d’extraction posent problème au regard des critères environnementaux. La bauxite, matière première de l’aluminium, est extraite dans des conditions qui ne répondent pas toujours aux normes ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance). En comparaison, le cuivre, malgré une note de criticité plus faible, reste un matériau difficile à substituer, et sa demande continue de grimper.
La gestion des chaînes de valeur et la criticité des ressources
Selon l’étude de BDO, la criticité des ressources se mesure à travers plusieurs critères. Le premier concerne les risques d’approvisionnement, comme la disponibilité du matériau et la capacité à en assurer le transport dans des délais raisonnables. Ensuite, vient l’impact que ces risques peuvent avoir sur les processus industriels. Dans le cas où un matériau est difficilement remplaçable, les conséquences sont d’autant plus importantes.
Pour le cuivre, par exemple, le fait que ce métal ne puisse être facilement substitué par un autre matériau moins critique accentue son niveau de criticité. Cependant, l’Union européenne bénéficie d’une relative indépendance pour son approvisionnement en cuivre grâce à la production locale en Pologne, ce qui atténue légèrement cette criticité.
L’économie circulaire et le recyclage : des solutions à renforcer
Dans ce contexte, l’étude met en avant l’importance de l’économie circulaire et du recyclage. En effet, environ 70 % du cuivre déjà extrait est réutilisé en Europe, un chiffre qui montre le potentiel de la filière du recyclage pour réduire la pression sur les nouvelles extractions. Pour l’aluminium, le taux de recyclage est plus faible, à 50 %, mais reste significatif.
La stratégie des entreprises doit donc s’orienter vers une meilleure gestion des ressources existantes, en augmentant leurs efforts dans le recyclage et la réutilisation des matériaux. Cela permettrait non seulement de réduire la dépendance aux fournisseurs, mais aussi de limiter les risques liés à l’approvisionnement tout en respectant les critères ESG. Cependant, ces efforts nécessitent des investissements en technologies et infrastructures pour être pleinement efficaces.
Globalement, on peut dire que les entreprises du BTP doivent anticiper les risques liés à l’approvisionnement en cuivre et aluminium en renforçant leurs démarches d’économie circulaire et en adaptant leurs stratégies d’achat en fonction des contraintes géopolitiques et environnementales.