Dans le petit monde feutré des conseillers en investissements financiers (CIF), l’année 2023 a laissé quelques traces… Entre un marché qui se tasse légèrement et une augmentation du nombre d’acteurs, le secteur doit jongler avec une conjoncture économique capricieuse et une réglementation de plus en plus exigeante. Décryptage !
Un secteur qui résiste malgré un contexte tendu
Chaque année, l’Autorité des marchés financiers (AMF) passe au crible les chiffres du marché des CIF via la fiche de renseignements annuelle (FRA), un document qui permet d’analyser l’évolution des acteurs du secteur et de mieux comprendre les mutations en cours. En 2023, 5 952 fiches ont été remontées, représentant un taux de réponse impressionnant de 94 % des CIF en activité. A lui seul, ce chiffre montre à quel point le secteur est scruté et surtout, à quel point il est dynamique. Pourtant, malgré cet engagement des acteurs, le chiffre d’affaires global a légèrement reculé de 4 %. La faute à une conjoncture économique toujours sous tension, où l’incertitude pèse sur l’ensemble des marchés financiers. Ce repli ne signifie pas pour autant un effondrement du secteur. Au contraire, le nombre de CIF a progressé de 5 % sur un an et les actions de formations (comme par exemple avec Prodemial un acteur important du secteur) ont continué de progresser.
Le poids des mastodontes du secteur
Comme souvent, les grandes enseignes captent l’essentiel du business. Les 50 plus gros CIF trustent 47 % de l’activité globale, confirmant une concentration toujours aussi marquée du marché. Côté représentativité, l’ANACOFI-CIF reste largement en tête avec 52 % du chiffre d’affaires cumulé, loin devant la CNCGP (25 %), la CNCEF (17 %) et la COMPAGNIE-CIF (6 %). Une hiérarchie bien installée, qui reflète le poids des réseaux et la capacité des structures à capter et fidéliser leur clientèle.
Des chiffres qui parlent
Malgré une baisse du chiffre d’affaires global, le total des revenus générés par les CIF atteint tout de même 3,90 milliards d’euros. Sur cette somme, 0,89 milliard provient directement de l’activité CIF, soit 23 % du chiffre d’affaires global des acteurs concernés. Au niveau des clients accompagnés, le secteur reste très tourné vers les épargnants individuels. Sur les 2,45 millions de clients suivis, 500 282 sont directement liés aux CIF. Sans surprise, 92 % de cette clientèle est composée d’épargnants particuliers, contre seulement 8 % d’entreprises et de chefs d’entreprise.
Les grandes tendances du marché
Le paysage des CIF est marqué par une diversité de profils. La grande majorité des acteurs combinent plusieurs statuts pour répondre aux besoins de leurs clients, une flexibilité devenue essentielle face à des attentes toujours plus exigeantes. Dans le détail, les conseillers en gestion de patrimoine (CGP) dominent largement le marché, représentant 95 % des CIF en exercice (5 636 acteurs) et générant 76 % du chiffre d’affaires. Ces experts, au plus proche des particuliers et des petits investisseurs, sont le moteur du secteur.
De l’autre côté, on retrouve les CIF « institutionnels », qui pèsent moins lourd en effectif (seulement 4 % du total, soit 225 acteurs), mais qui captent tout de même 21 % du chiffre d’affaires. Ces derniers s’adressent davantage à des gros investisseurs, des entreprises et des fonds, avec des stratégies souvent plus complexes et des portefeuilles plus étoffés.
Un secteur en quête d’équilibre
Si l’année 2023 a montré quelques signes d’essoufflement en termes de chiffre d’affaires, le marché des CIF reste solide. L’augmentation du nombre d’acteurs et la capacité du secteur à s’adapter aux évolutions réglementaires sont des signes encourageants. Reste à voir comment les CIF vont négocier les prochaines évolutions du marché, entre digitalisation, nouvelles exigences réglementaires et attentes accrues des clients en matière de transparence et de performance. Une chose est sûre : les prochaines années seront décisives pour confirmer ou non cette dynamique.
