En matière de prévention des incendies, le débroussaillage n’est pas à prendre à la légère… Et pourtant, il est souvent ignoré, alors qu’il s’agit d’une obligation légale ! Mais un paysagiste ardéchois a trouvé la parade : il utilise un robot de pente pour se faufiler dans les recoins les plus inaccessibles et réussir son coup à tous les coups. Un exemple à suivre !
Garrigue, la beauté qui cache le péril
Julien Bernard, qui opère dans des régions comme l’Ardèche, la Drôme, le Var, le Vaucluse, la Lozère et le Gard, tire la sonnette d’alarme partout où il passe, et pour cause. Les risques d’incendie sont en nette augmentation en l’absence de débroussaillage. « Le principal problème, c’est que souvent les terrains sont en friche », constate-t-il. Historiquement, le débroussaillage se faisait manuellement ou avec des tracteurs massifs pour les champs les plus vastes. « Il n’y avait pas de réponse technique pour traiter de vastes volumes de végétation en peu de temps. Les anciens faisaient des terrasses, des murs en pierre, mais quand cela se retrouve sous trois à quatre mètres de ronces, on ne voit pas la difficulté du terrain, son relief », explique-t-il. De plus, les écobuages qui étaient autrefois une pratique courante sont de moins en moins permis, et les accès à la déchetterie deviennent compliqués sans le véhicule adéquat pour transporter un important volume de végétation.
Prévenir les incendies : la leçon d’un ex-sapeur-pompier
Dix ans en tant que sapeur-pompier volontaire, ça marque un homme. Pour Julien Bernard, c’est même devenu une vocation. Grâce à cette expérience, il sait à quel point le débroussaillage est essentiel pour prévenir les incendies, surtout dans des zones où les feux de forêt font rage chaque été. « J’ai été amené à intervenir à de nombreuses reprises sur des feux de forêt, fréquents dans notre région chaque année sur les périodes sèches ».
Il faut savoir que ce professionnel du paysage est un fervent défenseur de l’obligation légale de débroussailler. « Souvent les mairies envoient courrier aux riverains concernés par une OLD. Le service départemental d’incendie et secours ou l’ONF font le tour des communes et posent une date butoir à laquelle le débroussaillage doit être fait ». Mais malheureusement, souvent rien n’est fait alors que c’est extrêmement important. C’est également l’avis de Daniel Moquet qui a récemment lancé un réseau spécialisé dans l’entretien de jardins afin que tout le monde puisse entretenir son terrain afin de diminuer les risques d’incendies. Sachez que les amendes peuvent monter jusqu’à 1 500 euros, sans parler des assurances qui pourraient refuser de couvrir les dégâts si le terrain n’est pas entretenu.
Julien Bernard pointe aussi du doigt une certaine naïveté chez les nouveaux arrivants à la campagne : « Les néoruraux qui arrivent et s’installent à la campagne imaginent qu’il faut laisser la nature pousser, laisser les ronces, les herbes hautes. C’est une erreur, nettoyer, ce n’est pas détruire la nature, c’est la mettre en valeur et surtout la protéger ». Selon lui, beaucoup ne saisissent pas l’importance du débroussaillage tant qu’ils n’ont pas vu les flammes de près. « Beaucoup d’anciens citadins viennent s’installer dans nos régions mais n’ont pas la culture du feu. C’est quand ils sentent l’odeur de la fumée et voient passer les avions au-dessus de leur maison qu’ils se réveillent ».
Défricher pour les voisins, une contrainte légale
Dans le monde du débroussaillage, c’est parfois le voisin qui doit retrousser ses manches. Julien Bernard nous éclaire sur une réalité peu connue mais non moins centrale : « Dans 70 % à 80 % des cas, les gens se retrouvent à débroussailler des terrains qui ne leur appartiennent pas. C’est la loi, ils doivent prévenir le propriétaire par courrier en demandant au propriétaire l’autorisation d’intervenir sur le terrain ». Or, cette obligation légale de défrichage peut poser des situations délicates, mais c’est un passage obligé pour maintenir la sécurité de tous face aux risques d’incendies. Alors, même si ça peut sembler surprenant, mieux vaut envoyer cette lettre et s’assurer que tout le voisinage est à l’abri, plutôt que de courir le risque de voir les flammes lécher les fondations de sa propre maison. Un coup de râteau chez le voisin, c’est parfois le prix à payer pour dormir tranquille !