Le travail : l’avenir de l’homme…

Travail

« A quel rythme horaire ce pays aura-t-il produit des chômeurs ?  » s’interrogeait Bruno Frappa. Réponse : la France produit des exclus au rythme de cinquante à l’heure ! nous dit Alain Ruffion.
Et cette cadence est loin d’être contrecarrée par les petits pas du gouvernement et le cortège des mesurettes » qui l’accompagnent. Chaque crise devrait nous faire évoluer davantage vers un autre système économique. Il n’en est rien puisque le modèle économique néo-libéral ne cesse de s’affermir à la bourse des valeurs.
Lors du premier choc pétrolier en 1973, le monde occidental s’est lancé plus que jamais dans une course à la productivité par le biais d’une modernisation accrue des moyens de production. C’est l’ère de  » l’économie contre la société « . Cette relance a été valable économiquement ; de 1970 à 1990, le produit intérieur brut a augmenté de 75%. En 1993 les bourses de Paris, Francfort et Tokyo ont augmenté respectivement de 22, 45 et 116% !

La course à l’emploi

Dans le même temps le nombre de chômeurs en France est passé à 3,3 millions, en Allemagne à 3,7 millions et au Japon, Toyota annonce la fin de l’emploi à vie. Face à ce dilemme, notre société se lance âprement dans une nouvelle course, celle de l’emploi.
Nouvelle fuite en avant où « l’ emploi sacré, dira J. Lorthois, est paré de toutes les vertus. On l’entoure de sollicitude, on prend sa température, on lui prodigue tous les honneurs. On congratule l’entreprise, on déroule le tapis rouge pour l’attirer : quels sont vos besoins, je dirai même vos ordres, maître ?  »
Or, des décrets tels que le SMIC jeune ou Contrat d’Insertion Professionnel (aujourd’hui abandonné) nous conduiront à une nouvelle impasse à long terme si l’on prend acte du formidable gisement de main d’œuvre de l’Asie qu’il est inutile de vouloir concurrencer.

Le travail est un pilier de notre société qui vacille d’où la nécessité d’un changement de mentalité à son égard et l’urgence de tordre le coup au mythe de la croissance auquel M. Balladur et des responsables politiques de tous bords font semblant de croire en déclarant : « Il y a des signes de reprise car nous attendons un taux de croissance pour 1994 de 1,4 voire 1,5.  » Cette déesse croissance qui est de retour aux États Unis amène des petits boulots précaires, sans protection sociale et peu rémunérés ; est-ce le dernier sas avant de rejoindre une autre réalité : les trente millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté que compte ce pays s’interroge Alain Ruffion.

L’économie libérale rend notre société schizophrène. D’un côté les travailleurs qui, stressés, débordés, courent après le temps et ne peuvent pas s’investir dans des activités d’utilité sociale ou culturelle. De l’autre, des chômeurs se demandent à quoi peut bien ressembler une entreprise…
Quand parlerons-nous de citoyens qui, dans leur activité et leur temps libre, s’activent à ne plus laisser logique économique et logique sociale dos-à-dos dans une société cloisonnée. De nombreuses associations agissent déjà sur ce terrain. D’où la nécessité qu’elles unissent leurs voix pour se faire entendre par les chantres de l’expression : « il n’y a pas de recettes miracles à l’ emploi, nous avons déjà tout essayé « .

Et bien non ! il reste tout à essayer. Notre société manque plus de créativité que de croissance.
Notre société à bout de souffle attendait une révolution, c’est une mutation qui s’annonce. Et sur les ruines encombrantes du travail, d’autres valeurs se font jour qui laissent entrevoir la fin d’une ère et les balbutiements d’un autre style de vie.

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